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Revue Noire — Histoires Histoires à la fin de l’histoire

Pendant presque une décennie – de 1991 à 1999 – Revue Noire a changé indéniablement la perception de l’art contemporain africain dans l’imaginaire occidental. Fondée par Jean Loup Pivin, Simon Njami, Pascal Martin Saint Leon et Bruno Tilliette, Revue Noire n’a eu de cesse de déjouer certains poncifs à travers sa présentation novatrice de la production culturelle africaine. La plupart des arguments de ses auteurs sont structurés autour d’un axe géographique, se concentrant sur certains pays ou villes africaines et leurs diasporas dans des villes européennes. Cette structuration a pour effet de mettre en scène la grande diversité et la variété des productions culturelles présentes sur le continent africain. Rassemblant des formes et des médias aussi divers que la peinture, la sculpture, l’architecture, le cinéma, la danse, la littérature, la photographie, la mode et le design, Revue Noire écarte les questions sociales à l’exception notable d’un numéro 19 spécial consacré à la lutte contre le SIDA.

Street art. Le pochoir couché sur papier

Si le street art nous paraît aujourd’hui lié à une certaine modernité urbaine, ses origines remontent en réalité à l’art néolithique, comme nous le rappelle une photographie de la main en négatif sur le mur de la grotte Chauvet-Pont d’Arc. Cette photo ne représente qu’un des aspects du portrait que Christian Guémy, alias C215, dresse du pochoir. Son Manuel du pochoir retrace l’histoire de cet art, sans doute l’outil le plus utilisé dans la réalisation d’une œuvre de street art, après la bombe de peinture. Dans cette histoire originelle se mêlent l’expérience personnelle et un grand savoir-faire technique qui découle d’une vie passée à peindre les murs du monde entier. Mais la biographie de C215 n’est que suggérée ici et là par le Manuel, qui se concentre plutôt sur des explications synthétiques mais complètes de la multitude d’aspects propres à la peinture au pochoir. Loin d’être un outil simplifiant la peinture jusqu’à la transformer en geste mécanique, il s’agit d’un instrument qui démultiplie les possibilités du rendu de l’image. L’ouvrage évoque les liens entre la peinture au pochoir et d’autres techniques artistiques à l’instar de l’estampe et la photographie. Afin d’exposer pleinement la multiplicité d’usages que cette méthode, l’ouvrage insère des entretiens avec 17 différents street artistes. Au total, il reste accessible tout en étant didactique.